Variations sur le thème de la passion
De formation classique, connue pour le jazz, la trompettiste Airelle Besson a aussi collaboré avec des musiciens de rock et traverse les styles avec enthousiasme.
Vous serez à l'affiche du Paris jazz festival fin juillet au Parc floral, accompagnée notamment de Rhoda Scott. Une complice de plus de dix ans déjà !
J'ai en effet commencé à jouer avec Rhoda en 2004 - avec le Lady Quartet, aux côtés de Sophie Alour et Julie Saury. J'avais écrit - l'année précédente lors d'une résidence à Banff (Canada) - un morceau intitulé Éternité, qu'elle aimait beaucoup et me réclamait souvent. Il y a une histoire affective autour de ce titre. Dans le cadre de ma résidence actuelle de deux ans à Coutances au festival Jazz sous les Pommiers, j'ai monté un spectacle autour de ce morceau que j'ai arrangé pour quartet (trompette, orgue, batterie, guitare) et chœur, et que nous donnerons donc au Parc floral à Paris le 26 juillet. Pour l'architecture de cette création, je me suis inspirée des Variations Goldberg de Johann Sebastian Bach. Le thème se décline dans différents styles (bossa, bop, pop, latin etc.), et la notion de danse y est très présente.
Coutances a également vu la naissance de votre nouveau Quartet...
Absolument, c'est un projet qui me tient énormément à cœur, dont les protagonistes sont Isabel Sorling (voix), Benjamin Moussay (piano, claviers, Fender Rhodes) et Fabrice Moreau (batterie). Nous venons de faire notre première au festival Jazz sous les Pommiers, et nous allons commencer à tourner cet été. Notre premier album est en boîte, il devrait paraître à l'automne !
Extraits du concert du Quartet à partir de la 53e minute :
Vous êtes connue comme trompettiste de jazz, mais avez néanmoins suivi un cursus classique. Pourquoi avoir choisi finalement le jazz ?
J'ai commencé à approcher le jazz vers onze ans, encouragée par mon père. C'était une façon d'ouvrir de nouvelles perspectives, le répertoire de trompette classique n'étant pas si large. J'ai néanmoins conservé de mon enseignement classique la rigueur de la technique, que j'entretiens toujours quotidiennement. Je n'ai donc pas tant l'impression d'avoir fait un choix si catégorique. J'ai d'ailleurs encore récemment suivi des cours de direction d'orchestre, qui nourrissent mon langage en jazz et enrichissent mes compositions. Avec l'orchestre, c'est toute une philosophie de pensée, très codifiée... c'est passionnant !
Vous êtes encore trop jeune pour traverser les époques, mais vous traversez déjà les styles ! Comment s'est fait la rencontre avec le groupe électro Metronomy, dont vous avez arrangé l'album Love letters ?
C'est une vieille histoire... j'ai vécu en Angleterre, petite : entre huit et onze ans. J'y ai passé quelques vacances d'été avec Joseph Mount, le chanteur de Metronomy, dont les parents étaient de très bons amis de ma famille. Les années passant, nous nous étions un peu perdus de vue, mais il avait néanmoins suivi mon parcours. Un jour, j'apprends qu'il est en concert à Paris, et je découvre que c'est en réalité au Zénith ! Nous nous sommes retrouvés à l'issue de ce concert et, de fil en aiguille, il m'a proposé d'écrire les arrangements de son prochain album.
C'était un nouvel horizon musical, un projet très excitant dans lequel j'ai embarqué mes camarades, Thomas de Pourquery et Daniel Zimmerman, pour enregistrer à Londres.
Last but not least, outre votre concert au Paris jazz festival avec Rhoda Scott, vous tournez beaucoup cet été avec le guitariste Nelson Veras, avec qui vous venez de sortir un album...
Nelson est également un compagnon de longue date ; nous jouons ensemble depuis treize ans maintenant et avons fait de nombreuses sessions avant d'enregistrer. Il était temps d'ailleurs, puisque je m'étais fait tancer par le public lors d'un concert du duo au Parc floral il y a trois ans, nous demandant quand était prévu l'album ! C'est donc en quelque sorte une commande des auditeurs !
— Hannelore Guittet